HERVE KEMPF, journaliste au journal « LE MONDE », rubrique »environnement »
HERVE KEMPF est un grand spécialiste des questions environnementales ; il publie régulièrement des articles pour la page « planète » du journal LE MONDE .
Il est également l’auteur d’ouvrages parfois polémiques sur le développement durable.
Il donne ci-après ses impressions sur le dernier sommet de Copenhague.
1. Vous avez suivi le sommet de Copenhague : un échec ou un demi-succès ?
J’ai répondu en détail à cette question dans un article du Monde : « L’Europe a démissionné de la conférence de Copenhague », paru le 23 décembre 2010. Excellent journal, que je ne saurais trop vous inciter à lire.
http://www.reporterre.net//spip.php?article809
2. A-t-on parlé à Copenhague de l’immobilier, source de 42% des émissions de gaz à effet de serre ?
Non, quasiment pas. Plus généralement, la question des économies d’énergie est très mal prise en compte dans ces discussions, qui sont obsédées par « la croissance verte » et les « nouvelles technologies ». Mais le préalable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre est d’économiser l’énergie, et l’habitat joue ici un rôle crucial.
3. Faut-il repenser l’urbanisme eu luttant contre l’étalement urbain, source d’éloignement du travail, donc pollueur par les transports au surplus stressants ? Ce qui supposerait que l’on se mette à construire des immeubles de grande hauteur ?
Oui, vous avez tout à fait raison de poser la question des économies d’énergie dans l’habitat non seulement en fonction d’améliorations techniques, évidemment indispensables, mais aussi d’organisation de l’espace habité. De ce point de vue, l’urbanisme est une clé essentielle pour réduire nos consommations. En revanche, je ne sais pas si cela implique des immeubles de grande hauteur : j’ai lu des arguments très contradictoires à ce propos, et je ne suis pas assez informé pour avoir un avis raisonné.
4. Nous avons en France 8 millions de logements en copropriété, soit environ 25 à 30 millions de personnes concernées. Quel message leur transmettre pour lutter contre le réchauffement climatique car ils vivent dans des appartements parfois de véritables « passoires énergétiques » s’ils sont anciens ?
Le message : faites des économies d’énergie ! La question est : qui paye ces travaux, dont le bénéfice n’apparaît qu’après quelques années ? Le locataire, le propriétaire, avec quelle aide fiscale ? Je dirai : que les copropriétaires soient des citoyens, et fassent pression politique pour qu’on investisse dans les économies d’énergie, plutôt que dans des dispositifs – centrales nucléaires, éoliennes – qui coûtent très cher pour un intérêt écologique limité.
5. Les normes environnementales des bâtiments du style H.Q.E. (Haute Qualité Environnementale) ne sont-elles pas dépassées car le traitement du bâtiment en soi ne peut être dissocié du territoire dans lequel il est situé ni du « sociétal »?
J’ai entendu dire que la norme HQE est très dépassée. Mais honnêtement, je suis beaucoup moins compétent que vous sur le sujet, alors je ne peux avoir d’opinion sans avoir enquêté. Un ami très compétent, lui, m’a appris qu’en Suède, il y a énormément de dispositifs dans l’habitat qui conduisent à de très bonnes performances énergétiques. Peut-être pourrait-on aller s’informer là-bas ?
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