Interview de Mr Alfonso PONCE,responsable du développement durable dans l’immobilier chez DELOITTE
1. DELOITTE est sutout connue pour son activité dans l’audit financier, la gestion des risques et la fiscalité. Que fait DELOITTE en matière de développement durable dans l’immobilier?
Nous pensons que la préoccupation de l’environnement et du développement durable doit être au coeur de toute stratégie immobilière. Nous accompagnons nos clients dans le conseil en stratégie et gestion d’actifs, le conseil à l’investissement, la fusion-aquisition, le support aux transactions, l’évaluation, l’AMO et bien sûr l’audit, mais nous ne faisons pas que de l’audit financier!
Nous accompagnons nos clients dans la jungle qu’est devenue la certification environnementale du cadre bâti, sans aucun parti nous expliquons les différences techniques, leurs implications juridiques et financières et les avantages et les inconvénients de chacun de ces protocoles d’évaluation qui nous semblent tous insuffisants car ne visant que le management et non pas la performance.
Nous sommes partisans de l’analyse multicritères fondé sur l’ensemble du « cycle de vie du batiment », c’est-à-dire sa conception, sa construction, son exploitation et sa démolition.
2.Vous pensez donc que les labels environnementaux internationaux peuvent se cumuler sans aucun problème ?
Il y a un fond commun à tous ces labels. LEED et BREEAM partagent 80% des préoccupations, ont la même approche et se structurent de la même façon. Cela est normal puisque LEED est comme la plupart des référentiels actuellement utilisés sur le marché, une adaptation de BREEAM. On peut dire la même chose de HQE et DGNB. Tous traitent des mêmes sujets: l’eau,l’énergie,les déchets,la qualité de l’air, le CO2, etc.
Des spécificités régionales existent pour pratiquement tous les labels, les organismes de certification se sont tous efforcé de créer des tables de convergence ou des principes d’équivalence.
Techniquement et en matière de rigueur, les systèmes se valent, ils sont tous accrédités sous les normes de leurs pays (ceux-ci étant tous dans la zone OCDE) chaque système a ensuite ses particularités.
Par exemple,HQE FRANCE ne parle pas des mesures de CO2 mais il est par ailleurs très complet sur d’autres sujets comme l’acoustique,alors que le BREEAM anglais ou le LEED américain l’ignorent complètement.
De la même façon BREEAM est le plus ouvert à la biodiversité.
LEED quant à lui traite de façon intéressante la qualité de l’air et les matériaux.
LEED applique les normes américaines, HQE les françaises et DGNB les allemandes, BREEAM est certainement le plus ouvert car il référence essentiellement les normes européennes.
HQE dispose d’un système de management environnemental original qui determine bien les compétences et les moyens de chaque acteur de la construction de l’immeuble pour réduire les impacts environnementaux.
3. DELOITTE dispose-t-il d’un programme de formation des auditeurs de labels internationaux ?
Nous disposons effectivement de ce programme qui permet aux professionnels de se faire certifier dans chaque système pour devenir auditeur/assessor BREEAM et LEED AP.
Ce sont des formations différentes pour chaque label. Nous sommes bien évidemment accrédités pour former les auditeurs.
Nous réfléchissons au traitement des copropriétés.
4. Quelle est la tendance en France pour les certifications environnementales des batiments ?
Nous sommes en France et donc HQE est incontournable ! Nous en sommes à 900 bâtiments certifiés HQE en France.
Mais de plus en plus, les investisseurs internationaux qui achètent des immeubles en France souhaitent la triple certification HQE,BREEAM et LEED qui ont fait leurs preuves en Grande Bretagne et aux USA mais aussi ailleurs dans le monde.
LEED a certifié 12 000 immeubles aux USA et BREEAM 4 000 dans le monde…
Il faut dire que vu à l’échelle mondiale la construction durable est essentiellement le fait du monde anglo-saxonet ce depuis longtemps, avec des outils d’accopagnements des performances energétiques des batiments qui n’ont pas encore vraiment essaimé en France: par exemple le bail vert et les contrats de performance énergétique qui existent depuis quelques dizaines d’années aux USA.
C’est pourquoi la notion de « valeur verte » est beaucoup plus ancrée dans les moeurs outre-atlantique qu’en France car le marché a absorbé les notions de survaleur d’une entreprise transparente quant à son impact sur la planète.
5. Quel est le coût de la certification? Quel est son avenir?
Il y a un double coût: le coût intrinsèque, ce que l’organisme de certification encaisse. et le Coût global avec les services du AMO.
HQE est le plus cher dans le premier cas, pour 20 000 m2 HQE demande 23 000 euros ,LEED et BREEAM 3 000 euros mais dans le deuxième tout s’équilibre pour les trois certifications nous sommes à environ 80 000 à 100 000 euros.
Maintenant LEED n’impose pas le recours à un auditeur accrédité.
Quant au futur:
La démarche des labels environnementaux est volontaire.
Le marché s’est créé avec des acteurs qui pensent que le manque de transparence sur les objectifs du développement durable appliqués aux immeubles sera pénalisant pour ceux qui se refuseront à le faire!
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